Gestion de Projet Simple (GPS)

Florent Lothon

Introduction

Cet article vise à décrire un cadre méthodologique de gestion de projet simple. Il s’adresse à toute association de personnes (équipe) désireuses de mener un projet quel qu’il soit aboutissant à ce qu’on appellera par abus de langage un “Produit”. Les membres de l’équipe peuvent travailler à temps plein ou partiel, partager un même lieu de travail ou non et participer à l’ensemble des étapes du projet avec ou sans hiérarchie.

Étapes du projet

Définir la vision du “Produit”

Le projet débute par la formalisation de la vision du “produit fini” faisant l’objet du projet. Elle a pour principal objectif de mettre l’ensemble des acteurs sur la même longueur d’onde et de les guider dans les choix et les décisions qu’ils seront amenés à prendre tout au long du projet. Le travail sur la vision consiste principalement à répondre aux questions "Pourquoi réalise t'on ce produit ?", "A quel public s'adresse t'il ?", etc.

Construire et ordonnancer le “Product Backlog”

Une fois que la vision est partagée et claire pour tout le monde, il est temps de faire la liste de toutes les tâches - connues à date - nécessaires à la réalisation du “Produit”. Cette liste appelée “Product Backlog” peut être modifiée/complétée tout au long du projet.

Les éléments du Product Backlog sont ordonnancés de manière à mettre en haut de la liste - dans la mesure du possible (cf. dépendance entre les tâches) - les tâches bénéficiant du meilleur rapport "Valeur ajoutée au produit” / "Coût de mise en oeuvre".

Diviser le temps

Afin de planifier le projet, la durée totale estimée du projet est divisée en blocs de temps successifs d’une durée fixe et courte appelés “Sprints” (en général 2 à 4 semaines).

Planifier le sprint

Les tâches prioritaires du Product Backlog (en haut de la liste) sont sélectionnées par l’équipe pour alimenter la liste des tâches du Sprint sur le point de commencer. Elle réalise cette sélection en fonction de sa capacité à les réaliser dans le délais du sprint (dès que l’équipe estime que ça ne rentre plus, elle arrête sa sélection).

Exécuter le sprint

Durant le sprint, chaque membre de l’équipe prêt à commencer une tâche, s’affecte cette dernière et la passe au statut “En cours”. Une fois terminée, il la passe au statut “Terminé”. Il peut alors s’affecter une nouvelle tâche de son choix au statut “A faire” jusqu’à épuisement des tâches du Sprint. Voir paragraphe : “Outil associé” pour plus d'explications et d'illustrations.

Revue de sprint et nouveau sprint

A la fin de chaque Sprint et quelque soit son avancement, l’équipe fait le bilan des travaux réalisés au cours de ce dernier et définit un plan d’action susceptible de rendre le prochain Sprint plus efficace, agréable, qualitatif et productif. De cette façon, le processus de réalisation du produit est sans cesse amélioré. La Planification du Sprint suivant s’enchaîne et ainsi de suite jusqu’au dernier Sprint aboutissant au “produit final” ou à sa nouvelle version.

Schéma du processus de gestion de projet simple

Schéma du processus de gestion de projet simple

Outil associé

Le principal outil associé est un “Tableau des tâches” virtuel composé à minima de 3 colonnes liées aux 3 statuts de base d’une tâche :

  • A Faire : La tâche n’est pas commencée et non affectée à un membre de l’équipe
  • En cours : Un membre de l'équipe s'est affecté la tâche et l'a commencé
  • Terminé : La tâche est terminée

Les tâches sont déplacées d’une colonne à une autre en fonction de leur avancement. Ce tableau permet à toute l’équipe de connaître en temps réel l’état des lieux du sprint en terme d'avancement.

Outil Trello

L’outil Trello a le mérite d’être simple, gratuit, web et utilisable sur un mobile sans rien installer. Son seul inconvénient est qu’il est en anglais mais le titre des colonnes reste personnalisable.

Reste à prévoir un outil pour gérer le Product Backlog. Un simple tableau Google Sheets peut faire l’affaire.

L’outil iceScrum est une autre alternative simple, complète, en français, gratuite et plutôt fun. Elle nécessite en revanche une installation sur un serveur.

Pour une équipe partageant un même espace de travail, un tableau des tâches physique mural avec un post-it par tâche peut être plus simple et efficace (l’informatique n’est pas toujours LA solution). Idem pour le Product Backlog qu'on rendra ainsi plus visuel, transparent et plus facile à ordonnancer (simples déplacements de postit).

Informations complémentaires

Ce n’est qu’un cadre de travail

Ce cadre de travail ne fait que définir les règles du jeu de base et n’a pas pour vocation de dicter à l’équipe la façon de réaliser les tâches et de s’organiser (ce qui est souvent spécifique au contexte de chaque projet). Il définit simplement un processus itératif offrant régulièrement à l’équipe l’occasion d’améliorer son organisation et de trouver elle même les solutions à ses éventuels obstacles (lors de la revue de sprint). Le projet peut ainsi démarrer très vite avec une organisation légère qui s’affinera au fil des sprints.

Tailles d’équipe

Ce cadre méthodologique s’adresse à des équipes de 2 à 9 personnes. Au delà, la coordination est plus compliquée, il est donc recommandé de former plusieurs équipes de 5 à 9 personnes. Chaque équipe disposant de son tableau des tâches de sprint alimentées à partir d’un Product Backlog commun à toutes les équipes du projet ou plusieurs. Par ailleurs, une synchronisation des sprints (commencent et se terminent en même temps quelque soit l'avancement) de chaque équipe offre pas mal d'avantages en terme de planification et d'intégration du travail de chaque équipe.

Origine et aide à la mise en oeuvre

Ce cadre méthodologique s’inspire ouvertement du cadre méthodologique préexistant Scrum créé pour le développement logiciel. Voir mini guide Scrum. Le livre électronique “Scrum & XP depuis les tranchées” (gratuit) - bien que venant du monde du développement logiciel - peut apporter des conseils précieux dans la mise en oeuvre de la présente méthodologie. Si vous souhaitez aller plus loin dans l'adoption de Scrum, j'ai pris soin de conserver le vocabulaire. Ainsi vous ne serez pas perdu en approfondissant le sujet. Pour vous accompagner dans cette démarche, je vous invite à lire le guide de démarrage Scrum.

Glossaire

  • Product Backlog : liste des tâches à réaliser pour aboutir au “Produit” ou au moins une première version de ce dernier.
  • Tâches du Sprint : liste des tâches à réaliser sur la durée du Sprint uniquement. Cette liste est donc un sous ensemble du Product Backlog.
  • Planification de Sprint : étape consistant à sélectionner des tâches prioritaires du Product Backlog à réaliser au cours du Sprint sur le point de commencer.
  • Produit : résultat auquel le projet aboutit (objet, film, logiciel, bâtiment,...)
  • Revue de Sprint : étape marquant la fin d’un sprint au cours de laquelle l’équipe inspecte son avancement, l’état du “Produit” et réfléchit aux moyens de s’améliorer.
  • Sprint : bloc de temps d’une durée fixe et courte (2 à 4 semaines) durant laquelle l’équipe réalise un sous ensemble des tâches à réaliser pour aboutir au “Produit” visé.
  • Vision : description du “Produit” final tel qu’imaginé par l’équipe pour guider cette dernière dans ses choix.


Crédits photo : Alex Perez via Unsplash

A propos de l'auteur

Florent Lothon

Expert de terrain en gestion de projet et management d'équipe. Florent fait partie des pionniers dans l'usage des méthodes agiles sur des projets à forts enjeux en France dès 2007. Co-auteur du livre "Devenir une Entreprise Agile".

  • Pierre-Adrien dit :

    Merci pour cet article, intéressant ! Pour info, Trello propose désormais des versions localisées, en français notamment. Les traductions ne sont pas toujours 100% parfaites mais pour les non-anglophones, ça rend l’outil utilisable sans problème.

    • sophie m dit :

      merci pour cet article. j’imagine que pour les projets non IT cela est adaptable aussi.

      au lieu de Trello, j’utilise wekan, tres similaire.

  • Merci pour cet article.
    Comme outil, j’utilise Jira qui est gratuit, comme Trello, et qui est entièrement en français. Il permet de gérer le product backlog et même la documentation avec Confluence du même éditeur. Et aucun serveur n’est nécessaire pour ces deux outils 🙂
    Seule limite : quand on dépasse 10 utilisateurs, il faut passer à une version payante.

    • De rien Jean 🙂
      Tout à fait !
      Je déconseille cependant JIRA pour les projets non informatiques en raison de sa complexité de configuration et d’utilisation pour des personnes qui ne sont pas du secteur.

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